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Page:Vigier - Davout, maréchal d'empire, Tome 2, 1898.djvu/284

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tons de supériorité qui auraient été blessants, s’ils n’eussent été parfaitement ridicules de la part de ceux qui se les permettaient. On venait faire acte d’autorité au Ministère de la Guerre, on contrôlait, on bouleversait le travail des bureaux ; on compulsait les dossiers, on prenait des notes, on se faisait donner directement des états et des renseignements qui souvent avaient déjà été fournis une ou deux fois au Cabinet de l’Empereur. Le Maréchal, quelque mécontentement qu’il en éprouvât, se soumettait à cette espèce d’inquisition et il attendait qu’une occasion lui fût donnée de s’expliquer en haut lieu, ne jugeant pas qu’il fût de sa dignité de prendre l’initiative de la lutte contre des adversaires si au-dessous de lui, par l’âge, le rang et les services.
Il n’en saisit qu’avec plus d’empressement celle qui s’offrit de dire sa pensée à l’un de ses égaux, le duc de Dalmatie. Ce maréchal venait d’être nommé Major Général de l’armée, et certes on ne pouvait faire un meilleur choix ; comme capacité militaire, il était bien supérieur à son prédécesseur le prince de Neuchâtel. Mais il oublia que la position n’était pas la même, qu’on n’était pas encore entré en campagne, que l’armée tout entière était à l’intérieur, partagée en corps qui n’étaient pas réunis sous un seul commandement et dont les chefs se trouvaient sous l’autorité hiérarchique du ministre de la guerre. Sans le consulter, sans se concerter avec lui, il donna directement des ordres aux chefs des corps de l’armée du nord et aux autres généraux en chef et il ne les fit connaître au Maréchal, qu’après les avoir expédiés. Non seulement cette conduite pouvait créer la plus grande confusion, mais elle était formellement