Page:Vignaud – La Question de l’Atlantide, paru dans le Journal de la Société des Américanistes, 1913.djvu/6

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

anciens ont dit de l’Atlantique vient du seul Platon dont le récit contient, d’ailleurs, bien des choses évidemment imaginaires, comme ce qui y est dit du rôle joué par les Athéniens dans cette affaire, à une époque où ils n’existaient pas. Remarquons aussi qu’en supposant que les Égyptiens aient pu garder le souvenir de l’effondrement d’un vaste continent, on revient implicitement à la théorie des cataclysmes périodiques aujourd’hui abandonnée. Rien n’autorise à croire que c’est dans une brusque commotion et non par l’action lente des forces naturelles, toujours en action, que le continent dont on retrouve les traces au fond de l’Atlantique a disparu.

Il semble donc que l’Atlantide des savants ne soit pas celle de Platon qui peut n’avoir existé que dans l’imagination du grand penseur. Cette manière de voir ne détruit toutefois aucune des constatations faites par les Géologues, les Paléontologues ainsi que par les Océanographes et laisse subsister les conclusions auxquelles elles servent de base. Il se peut donc que les dernières phases des révolutions de l’Atlantique dont ces savants sont parvenus à faire la preuve aient eu lieu à une date où l’évolution de l’homme était achevée, et que, de même que ces terres disparues ont servi de pont à de nombreuses espèces animales pour passer de l’un à l’autre des deux continents que nous appelons aujourd’hui le Nouveau Monde, des migrations humaines aient suivi le même chemin. Mais, au point de vue de l’Américanisme, il n’y a pour nous rien à retenir de la légende platonicienne. S’il y a eu une Atlantide, ce qui ne paraît plus douteux, ce n’est probablement pas celle dont le grand penseur grec nous a raconté la destruction tragique ; c’est bien plutôt celle que la science moderne a découverte au fond de l’Atlantique et dont quelques points épars ont échappé à la destruction.

Henry Vignaud.