naire, qui de fait n’avait à cette époque qu’une moustache d’adolescent, et les précautions oratoires qu’il dut employer pour ne pas effaroucher davantage son élève, tout en ne cédant pas un pouce de terrain[1]
Voilà les bizarreries de cette langue jaune ; il y en a bien d’autres. Celles des accents de province, par exemple, les namari, qui vous gâtent l’oreille d’une manière incroyable. Ainsi le même son se prononce Chenn à Nagasaki, Henn au centre, Senn à Tokio. Ceci n’est rien encore, mais quand on arrive à transformer les mots d’une manière fondamentale, c’est à dérouter complètement : le mot yourouchi, « permission, absolution », se prononce dans la banlieue de la capitale dzeu-rou-dzeu ou dzeu-rou-dzy ; le son tchi devient tse ou n’importe quoi qui vous démonte au premier chef.
Passe pour les bizarreries de langue, qu’on rencontre un peu partout ; mais les Japonais ont des bizarreries de caractère[2] qui s’appelleraient chinoiseries sur le continent, et c’est cela qu’il leur faut modifier s’ils désirent vraiment entrer dans la grande et large voie de la civilisation ; ce qu’ils ont commencé à faire d’ailleurs.
Ainsi on arrêtera un chrétien ; après examen, le juge d’instruction ne le trouvera pas coupable et on le relâchera, mais après lui avoir administré soixante-dix coups de bâton !
Ainsi des Européens désirent louer une maison. On trouve bien des maisons à vendre, mais les traités ne permettent point aux étrangers d’acheter d’un Japonais un fonds de terre quelconque, et d’ailleurs les résidences sont à des prix impossibles.
On cherche, on visite, et on finit par s’arrêter à une petite pagode avec ses dépendances. — Qu’on ne s’étonne pas : aujourd’hui le gouvernement conseille à beaucoup de bonzes de retourner dans le monde, ad saecularia vota, et les temples qui ne sont point dédiés aux Kamis (ancêtres divins du mikado) ne comptent que pour peu de chose.
L’affaire est à peu près arrangée avec l’ocho-san (le chef de la boutique) ; il doit déménager ses statues et ses pous-