Page:Vignola - Toutes les femmes, vol. 3, 1904.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
FAMILLE CHINOISE

son, elle vit en recluse, hors des appartements réservés au mari, qui sont les seuls où pénètrent les gens du dehors.

Bien entendu, ces mœurs sont surtout celles des classes bourgeoises et nobles. Dans le peuple, il est presque impossible de tenir strictement enfermées les jeunes filles et les femmes, et il est rare, lors d’un mariage, que les fiancés n’aient jamais eu occasion de se voir.

Mais, quelle que soit sa situation sociale, l’épouse doit à son mari l’obéissance la plus stricte. Il a tout droit sur elle, et, contre les abus de son autorité, contre ses injustices, elle n’a à espérer de secours ni de ses parents, ni des magistrats. Sa seule ressource est de se rendre au temple et d’y suspendre, la tête en bas, une image de papier représentant son mari, en suppliant les dieux de changer le cœur de son époux « qui n’est pas à sa place ».

« L’épouse, disait, il y a plus de dix-huit siècles, la plus illustre des lettrées chinoises, Pan-Noéi-Pan, doit être dans la maison comme une pure ombre et un simple écho. Or, l’ombre n’a d’autre forme apparente que celle du corps, et l’écho ne dit précisément que ce qu’on veut qu’il dise… À la naissance d’une fille, ajoutait-elle, on doit offrir au père des briques et des tuiles, des briques parce qu’elles sont foulées aux pieds et des tuiles parce qu’elles