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FAMILLE OCÉANIENNE

Il est à espérer, cependant, que cette période de décadence n’est que passagère, et que, s’accoutumant peu à peu à des modes d’existence inconnus de leurs ancêtres, les Polynésiens trouveront dans la civilisation qui leur fut un peu brutalement imposée une bienfaitrice et non plus un bourreau.

Comme dans presque toutes les sociétés primitives, le rôle social de la femme est, en Polynésie, celui d’un être inférieur. Aux îles Samoa seules elle jouissait d’un certain respect. Chaque village y avait sa patronne, ordinairement la fille du chef ; dans les fêtes civiles ou religieuses, elle représentait la communauté ; le soin de recevoir les étrangers lui était dévolu ; par sa grâce et par sa beauté, elle était la vivante image de toutes les divinités bienfaisantes qui devaient assurer le bonheur de la tribu.

Partout ailleurs, la femme subissait le dur joug du maître. C’est elle surtout que frappaient les prohibitions de la loi du tabou. On connaît cette bizarre institution religieuse par laquelle, soit temporairement, soit d’une façon permanente, il était interdit, sous peine de mort, de toucher ou même de regarder certains individus, certains animaux, de se servir de certains objets, de traverser certains lieux.

Ce sont les filles dont l’infanticide, jadis pratiqué en grand, réduisait