Page:Vignola - Toutes les femmes, vol. 3, 1904.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
198
TOUTES LES FEMMES

cette morale tend peu à peu à se réformer, à la grande joie des puritains à la mode d’Europe, au grand dam des amateurs de pittoresque.

À Taïti, surtout, dans cette terre enchanteresse que les marins de Bougainville avaient nommée la Nouvelle Cythère, l’amour était, et — en dépit d’une christianisation plus apparente que réelle — est resté encore le souci le plus important de la vie. Une société aristocratique, celle des aréois, sorte de franc-maçonnerie à la fois religieuse et libertine, ayant ses épreuves d’initiation, ses mots de passe, ses mystères et sa hiérarchie, n’avait pas d’autre but que d’assurer à ses membres l’absolue satisfaction de leurs désirs affectueux. Très respectés, accueillis partout avec le plus profond respect, les aréois donnaient des représentations, des fêtes ; leur existence se passait en danses et en jeux de toutes sortes. Jamais ils ne se mariaient : des femmes dépendant de l’ordre leur étaient communes, en même temps qu’elles étaient tabouées pour tous les profanes. La société n’admettait pas les enfants ; tous ceux qui naissaient dans son sein étaient impitoyablement mis à mort.

Sous un climat moins chaud et moins humide, et aussi par suite de leur mélange ethnique avec des envahisseurs papous, les Maoris de la Nou-