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TOUTES LES FEMMES

quelque sorte la femme à se brûler sur le bûcher funéraire de son mari, il n’a pu l’empêcher d’être frappée d’une sorte de dégradation. Ses parents la prennent, la dépouillent de ses vêtements, la suspendent par les pieds et lui rasent ainsi la chevelure. Puis on la revêt d’étoffes grossières et, désormais, esclave et servante de tous, elle est condamnée aux travaux les plus rudes. Le mariage lui est à tout jamais interdit ; elle ne peut plus porter ni soie, ni or, ni argent, ni manger avec ses amis ; elle ne peut même se faire danseuse ; le seul refuge qui lui soit ouvert contre les sévices dont l’accableront les siens, est la prostitution : elle reste libre de se faire courtisane de bazar.

Le code de Manou, si injuste envers les femmes, en tout ce qui touche au mariage et au veuvage, n’est pas moins inique en ce qui a trait à la répudiation : l’homme seul a le droit de quitter sa femme. Il devient cruel dans la répression de l’adultère : la mort, accompagnée de supplices terribles, la confiscation des biens frappent l’infidèle et son complice, quand ils appartiennent aux hautes classes. Le même crime, dans les castes inférieures, dont la pureté du sang est moins précieuse, rencontre plus d’indulgence. La preuve de l’adultère est facile à fournir : « Est criminelle toute femme qui est restée seule avec un homme pendant le temps nécessaire pour cuire un œuf ! »