Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/131

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voyage à Saint-Y…, et son interrogatoire ; elle devenait, en ce moment, une sorte de personnage dans la contrée. Tous les yeux se fixaient sur elle et sur son nourrisson. Des rêves dorés commençaient même à entrer dans la tête de la pauvre femme, qui se demandait si elle n’avait point allaité quelque prince.

Au résumé, cette importance semblait de bon augure aux journaliers, que l’or de M. Gallet mettait en goût de fortune, et qui fouillaient tous les coins de leur mémoire pour y chercher les indices, les souvenirs ou les remarques, capables d’éclairer la justice.

— Lequel est-ce, maman ? demanda Clotilde en cherchant des yeux le plus jeune, parmi les bambins qui s’égayaient dans le jardin et dans la chaumière.

Mais avant que la marquise ait eu le temps de répondre, les enfants, qui la connaissaient, l’entourèrent. Elle en saisit un, qu’elle embrassa, bien qu’il fût barbouille de raisiné. Puis, le passant à sa fille :

— Voilà Charlot, dit-elle.

Madame de Fayan se détourna pour rougir, tandis que Clotilde s’asseyait, l’enfant dans les bras, au devant de la chaumière, sur l’une des deux chaises que les plus grands enfants avaient avancées.