Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/136

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Cette fois, Clotilde et sa mère demeurèrent court. La marquise était trop émue pour trouver une réponse qui ne fût ni badine ni gourmée ; Clotilde ne pouvait comprendre qu’on prît avec cette légèreté une calomnie si grave.

— Il faut avouer, reprit mademoiselle Gallet, que l’arrondissement de Saint-Y… est un aimable pays !… Mais si mon père m’en croyait, il laisserait bavarder les sots et les méchants ! Point du tout ! Il veut, au contraire, pousser les choses à fond, et il va bien me gronder pour ma démarche d’aujourd’hui ! Moi, je méprise beaucoup les calomniateurs, et je plains fort la pauvre femme à laquelle ces poursuites doivent donner la fièvre. Après tout, ma position vaut mieux que la sienne. — Je voudrais qu’on mît d’abord sous clef les gens qui s’occupent de ce qui ne les regarde pas !

— Ah ! oui ! s’écria la marquise.

— Mais voilà ! les prisons ne sont pas grandes !…

Et, reprit la jeune merveilleuse d’une voix plus grave, après un court silence, c’est ainsi que s’insinuent les diffamations stupides qui accompagnent parfois toute une existence… qui, jusque dans sa vieillesse, atteignent une femme, comme un coup de poignard en plein cœur !… Adieu, mesdames !…