Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne pas connaître l’état civil de l’enfant, et s’il ne le connaît pas, comment l’indiquerait-il ?

— Ah ! très-bien ! Vous êtes au fait, à ce que je vois, monsieur le curé, du système de défense de M. Lambert. Nous allons voir ce que va devenir ce système. Veuillez me dire une chose que vous ne pouvez manquer de savoir comme pasteur — car le village des Écoudelles dépend de votre paroisse : — Le petit poupon de la Jacquelette est-il baptisé ?

Comment l’abbé Dablin, qui ressassait depuis le matin les soupçons et les combinaisons les plus improbables, n’avait-il pas prévu cette question si simple ? si simple et si directe, si impossible à laisser sans réponse ?

Il était rouge, il devint pâle — non plus cette fois par une timidité involontaire, mais par un sentiment de terreur motivée. Il se sentit pris au piége, en se rappelant qu’un jour, il avait dit à la Jacquelette qui l’interrogeait à cet égard :

« Oui, oui, il est baptisé, soyez tranquille ! »

Ah ! ces funestes paroles ! comme il aurait voulu les reprendre !… Mais il n’y fallait pas penser.

Or, comme il ne pouvait pas revenir sur cet aveu sans avilir son caractère, il se trouvait mis en demeure de déclarer que l’enfant lui avait été pré-