Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dienne dans le salon boisé où nous ayons vu commencer cette histoire, quand son valet de chambre, ouvrant la porte avec précaution, de peur de l’éveiller en sursaut, vint lui dire que M. Deprat demandait à l’entretenir un moment en particulier.

Le marquis ouvrit les yeux comme un homme encore à moitié enfoncé dans la douce quiétude de l’après-dînée, en disant : — Bien, faites entrer !

Puis, tandis que le domestique s’en retournait, il se leva et fit quelques pas pour chasser les lourdeurs du sommeil, et, seulement alors, il se dit : « Pourquoi M. Deprat veut-il me parler en particulier ?… »

Aussitôt, sur le seuil, apparurent trois visiteurs au lieu d’un, que le marquis s’attendait à voir.

Il y avait avec le substitut, le juge d’instruction et un greffier.

Comment ne reculèrent-ils pas à la vue de ce gentilhomme à son foyer, de ce mari, de ce père qui reposait là, dans le calme de son cœur, entre le métier à tapisserie où travaillaient un instant auparavant sa femme et sa fille, les portraits de ses ancêtres, les souvenirs de toute sa vie d’intimité, de confiance et d’honneur épars en vingt objets, sur les mûrs, sur les meubles, partout ?… — Mais non !

Le marquis d’abord s’était avancé, tendant la