Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/22

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— Ce sont tous de bonnes gens, répondit Lambert. Le marquis est respecté du dernier paysan, et Dieu sait que les paysans saisissent volontiers l’occasion de critiquer la noblesse dès qu’ils en ont le moindre prétexte… On regarde la marquise comme une sainte, et mademoiselle Clotilde est adorée.

— Je serais bien en peine, dans ce pauvre pays, si je ne les avais pour m’aider, reprit le curé. Comme tout ce qui est jeune et valide émigre pour aller chercher le gain dans les grandes villes, nous n’avons plus ici que les vieillards, les infirmes, les femmes et les enfants. Malheureusement, le marquis de Fayan n’est pas riche, malgré l’héritage qu’il vient de faire en Bretagne.

— Et le pauvre pasteur se trouve réduit à ne pas acheter tous les ans une soutane neuve ?

— Vous faites plus d’une visite gratis ! répliqua le curé. Allons, bonsoir ! Voici la traverse.

Le docteur mit son cheval au trot, le curé hâta le pas dans le sentier bordé, de haies incultes qui conduisait à son village. Les ronces croissaient à l’entour plus volontiers que le froment, et c’est pour cela peut-être que le petit amas de chaumières s’appelait « la Brousse. »