Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/243

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ne voulant pas y mordre, elle le trouvait beau, appétissant, parfumé.

Elle se disait : « Cette rencontre sera un petit roman dans ma vie si monotone… Lorsque bientôt je serai de retour à Paris et revenue à mes occupations et à mes devoirs, je rêverai à cette apparition rapide et séduisante… »


XVIII


Elle regardait, guidée par les observations du comte, les blocs de marbre soulevés par la mine, détachés à coups de levier, puis scintillants au soleil ; les uns, descendant lentement, poussés par des efforts humains ; les autres, roulant avec fracas jusqu’au torrent, où les attendaient les grands bœufs, impassibles, avec leurs yeux fixes et leurs naseaux fumants.

De temps en temps, un chant sonore et plein partait des groupes d’ouvriers et se répercutait en échos infinis dans les rochers de marbre déchiquetés par la mine. En d’autres moments c’était un cri : — de joie si le bloc s’était détaché heureusement, sans trop d’éclats et avec une bonne forme ; — de désappointement, si la mine brisait en miettes un bloc éblouissant et irréprochable de pureté.