Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Souvent, dit M. de Morelay à sa femme, souvent nos grands statuaires viennent exécuter à Carrare leurs plus importants travaux ; et, si vous pénétriez dans quelques-uns de ces ateliers, vous y verriez peut-être l’ébauche de la statue que vous admirerez au prochain Salon.

Mais c’était le moment de la forte chaleur, et, par conséquent, l’heure de la sieste. Les marteaux étaient muets, et on n’entendait qu’à de rares intervalles un coup frappé ou un grincement d’outils. Dans les ateliers poudreux, sous les auvents des portes, tout le monde dormait ou restait inactif ; La comtesse promenait un œil distrait des statues aux hommes ; les unes blanches et sortant à demi taillées de leurs blocs comme un beau fruit de sa gangue ; les autres vêtus de blouses bariolées et coiffés de bérets éclatants.


XIX


Tout à coup ses yeux se fixèrent et elle rougit. Au milieu d’un atelier où se mêlaient les terres fraîchement modelées, les plâtres et les marbres, elle vit son beau poëte qui dormait, le col nu, les cheveux flottants, la poitrine enroulée dans une ample draperie de pourpre.