Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/260

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et d’intelligence… qu’il saura servir son pays et tenir son rang avec honneur… J’espère que notre fille deviendra une bonne et charmante femme… comme sa mère… et je ne désire rien de plus… Croyez-vous donc que les enfants qui naissent dans ces villas de marbre et jouent sous des bosquets de lauriers-roses valent mieux, que les nôtres ?

La comtesse ne répondit pas ; elle n’aurait d’ailleurs ni voulu, ni pu soutenir son absurde exclamation ; mais, un moment après, continuant encore de suivre ses propres pensées, elle ajouta, par cette habitude de causerie intime qu’elle avait contractée :

— La beauté va bien au génie… Il semble que le don de poésie doive habiter sous un front aux lignes nobles et pures, et que l’homme qui sait les secrets du beau doive être beau lui-même… Raphaël était beau… Byron…

— Et ceux qui n’ont pas les cheveux abondants et lustrés, le front sans rides, les muscles richement développés, sont des brutes…

La comtesse se mit à rire.

— Vous seriez la preuve du contraire, s’écria-t-elle, et depuis une heure je dis des sottises.