Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/274

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scruter au fond du cœur humain les pensées qui y germent toutes seules comme les mauvaises herbes dans les champs ?… qui bouillonnent dans ses profondeurs intimes comme une source impure ?… — Cependant, la comtesse eut un secret sentiment de joie en se trouvant là, seule, et dans l’impossibilité de partir.


XXXIII


Mais elle s’attacha plus encore à sa résolution de ne pas quitter l’hôtel ; et, lorsqu’après dîner l’heure de la promenade fut venue, elle fit monter sa femme de chambre, pour lui tenir compagnie et causer avec elle. C’était assurément la première fois qu’elle se trouvait avoir besoin de cette distraction. Mais, la lecture lui devenant impossible, il lui fallait à tout prix occuper son attention par quelque chose. Jamais elle ne semblait s’être autant inquiétée de la forme de ses robes, de la garniture de ses bonnets du matin et de l’avenir de sa toilette d’hiver. Plus la soirée s’avançait, plus elle mettait de feu à discuter ces détails infimes, comme s’il lui avait fallu faire du bruit pour s’étourdir.

La femme de chambre demanda si madame ne voulait pas s’habiller pour sortir.