Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/277

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« Pourquoi n’irais-je pas seule ? » se demanda la comtesse.

Et elle dit à sa femme de chambre :

— Eh bien ! vous viendrez seulement avec moi jusqu’à l’embarcadère.

— Madame ne s’habille pas ? reprit la camériste.

La comtesse allait partir avec son costume de voyage. Elle pensa soudain à sa toilette toute prête… Pourquoi, se dit-elle, ne me parerais-je pas pour cette dernière fête de mon cœur ?

C’était un charme encore que d’être belle pour cet adieu suprême au bonheur. Les femmes comprendront cela.

Elle traversa rapidement la plage, descendit dans la première barque et se blottit sous la tente de coutil, tandis que le batelier allait dénouer ses amarres. La femme de chambre remonta vers l’hôtel.


XXXV


Tout le temps que la barque resta près de la rive, la comtesse demeura les yeux baissés et le visage voilé par son ombrelle, qu’elle gardait ouverte malgré l’ombre de la tente. Elle faisait, sans s’en rendre compte, comme ces oiseaux, qui cachent leur tête