Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/283

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elle la repoussait violemment, comme une image trop accablante ; et, cependant, la douleur qui la poignait à ce souvenir n’était rien, auprès de l’angoisse qu’elle éprouvait à l’égard de son amant.

« Que pense-t-il de moi ?… Sans doute, il me prend pour une conquête de hasard ?… Grand Dieu !… »

Alors, elle se souvint de toutes les femmes faibles qu’elle avait connues… et blâmées…

De Mme de Braciennes, d’abord, rencontrée la surveille, et repoussée d’un si hautain regard…

De Mme de Martivy, qui faillit payer une faute de sa vie, et l’avait expiée de tout son bonheur.

De Sophie Rolland, son amie de pension aussi, qu’elle avait cessé de voir, parce que certaines apparences la compromettaient.

De Laure Aldini, son autre compagne, qui, au sortir de la pension, avait été jetée dans le monde, orpheline et pauvre, sans appui, sans conseil, avec l’habitude d’une vie aisée, le goût des arts, une beauté merveilleuse… et qui passait au bois richement parée…

Ah ! de quel mépris sanglant elle l’accablait, celle-là ! quand leurs voitures se croisaient…

Puis, elle se souvint encore de Victorine, son ancienne femme de chambre, chassée un soir sans pitié…