Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/295

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regard. Mille questions se pressaient sur ses lèvres ; mille craintes lui déchiraient le cœur.

Un éclat de rire et une double exclamation éveillèrent tout à coup la comtesse, en sursaut.

À trois pas d’elle, au bord de la mer, et sous les oliviers étaient assis Amélie de Braciennes et le vicomte d’Aury. Ils toisèrent Pietro et la comtesse d’un étrange coup d’œil.

— Bravo ! Pietro ! dit Amélie en frappant de son éventail fermé sur sa main gauche, comme elle eût fait au théâtre.

Madame de Morelay se leva, éperdue, frémissante. Elle voulut parler, mais sa voix s’arrêta dans sa gorge. Elle resta pétrifiée en face de son ancienne amie.

Celle-ci éteignit par degré son sourire railleur, abaissa ses yeux vers la terre d’un air froid, ouvrit son éventail d’un coup sec, l’agita lentement deux ou trois fois… Et, en dix secondes, elle eut triplé la distance que madame de Morelay avait mise entre elles deux quelques jours auparavant.


XLV


— Ramenez-moi ! put crier enfin la comtesse à Pietro, d’une voix étouffée par l’orgueil et la colère.