Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/305

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livre se trouva sous sa main. C’était un Pétrarque. Elle le prit et en tourna les pages, lisant les mots, l’un après l’autre, et ne pouvant saisir le sens d’un seul vers… — Ah ! que les fades ardeurs du poëte de Laure répondaient peu, alors, aux impétueuses passions qui ravageaient le cœur de Louise de Morelay !

Mais quelle puissante lecture, aussi, aurait pu triompher de ses pensées ?

Plus d’une heure s’écoula sans qu’elle eût cessé de lire du regard, tandis que son imagination allait comme une horloge sans balancier.

Tout à coup cependant ses yeux se fixèrent sur une page et relurent dix fois les mêmes vers. Elle passa ses mains sur son front comme pour y rappeler la mémoire…

Et vivement elle tira de son portefeuille le précieux sonnet de Pietro, et le tint ouvert, à côté du livre, suivant des yeux l’un… puis l’autre…

Elle devint pâle… c’étaient les mêmes mots… les mêmes vers…

Abasourdie par ce coup, elle demeura longtemps sans conclure… Enfin, elle posa le livre et la copie.

— Quel a pu être son but ? se demanda-t-elle, perdue dans des recherches infinies. Pourquoi m’envoyer un sonnet copié dans un poëte que tout le