Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/307

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suite, dit-elle à sa femme de chambre, en réprimant avec peine le tremblement de sa voix.

L’hôtesse se fit attendre quelques instants. Mme de Morelay se promenait frémissante dans le salon et dans sa chambre, et de temps à autre s’arrêtait devant les glaces pour essayer de se composer un visage froid.

Elle se promettait d’engager une conversation avec l’hôtesse et d’arriver, par degrés, aux questions sur l’homme qui attendait aux pieds de ses fenêtres. Mais, malgré toutes les résolutions dictées par son orgueil, elle ne put trouver un mot de lieu commun, ni feindre un intérêt quelconque pour quoi que ce fût. Dès que sa porte s’ouvrit, elle marcha au devant de la maîtresse d’hôtel, la prit par le bras et l’amena devant la fenêtre.

— Savez-vous quel est ce jeune homme ? demanda-t-elle avec un accent contenu.

— Celui qui s’appuie à cette barque renversée et qui regarde par ici ?

— Oui.

— C’est Pietro.

— Mais que fait-il ?… quelle est sa profession ?… d’où vient-il ?…

Cette fois la comtesse ne put contenir les vibrations de sa voix.