Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/39

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— J’emporterai l’enfant, d’ici au presbytère d’abord ; je reviendrai ensuite pour qu’à son retour de Champré le marquis me trouve à votre chevet. Nous nous serons croisés. Vous aurez eu une crise que j’expliquerai. Rien de plus simple que tout cela.

» En vous quittant, je reprendrai l’enfant à la Brousse s’il fait nuit. S’il fait jour ou qu’il y ait danger d’être vu, je serai bien forcé de l’y laisser quelques heures. L’abbé Dablin, alors, s’arrangera pour se défaire de sa vieille commère de servante, et Françon ira au presbytère donner les soins nécessaires… — Remarquez, madame, que Françon, qui sera restée deux mois à Paris dans un hôpital spécial, deviendra, dans cette circonstance, un auxiliaire intelligent et précieux…

La marquise, déjà écrasée de honte, rougit encore.

— Oui, je profiterai de sa faute… dit-elle d’une voix étranglée. — Et après… que comptez-vous faire de l’enfant ? reprit-elle avec effort.

— À la nuit donc, je le prendrai ; mon Cheval est bon trotteur. J’irai d’une traite jusqu’à Clermont. Je le déposerai chez une sage femme qui fera la déclaration et l’enverra en nourrice, à dix lieues de l’autre côté.

— À vingt lieues d’ici ?… jamais !… Cet enfant serait abandonné !…