Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/41

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— Plus je réfléchis, dit la marquise, plus il me semble que la prudence même conseille de ne point éloigner l’enfant ; en effet, si vous le placez hors de ma portée, vous serez obligé de servir perpétuellement d’intermédiaire ; et encore ne pourrez-vous pas directement veiller sur lui. De là, autant de personnes sur la piste d’un secret, et entraînées, par la curiosité inhérente à l’esprit humain, à chercher… — Avez-vous remarqué que, pour ces choses, les gens qui jugent à distance sont souvent plus clairvoyants que ceux qui ont, pour ainsi dire, le mystère sous les yeux ? Mille détails aveuglent les proches — tandis que, d’un seul regard, ceux qui ne peuvent voir que les grands plans d’une situation, la jugent… — Pourquoi ne pas placer tout simplement vous-même l’enfant dans le voisinage, comme si vous l’aviez reçu d’ailleurs ? Après un laps de temps, quand l’oubli aurait passé sur les circonstances présentes et sur les dates, je m’occuperais de cet enfant, je protégerais la femme qui l’aurait recueilli… — N’ai-je pas l’habitude d’entrer dans toutes les chaumières ?… — Peu à peu, quand Clotilde sera mariée, quand Henri, devenu homme, prendra sa volée loin du giron maternel, quand j’aurai les cheveux blancs, je rapprocherais de moi le pauvre petit ; et alors nul ne trouvera étrange