Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/45

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Ce fut le 20 janvier, vers les dix heures du soir, par un temps affreux, car la terre était couverte d’une épaisse couche de neige, et le ciel noir en promettait de nouvelles avalanches, que le marquis fit seller son cheval pour aller à Champré chez le docteur Lambert.

La marquise se trouvait décidément fort souffrante de sa péritonite. Ce soir-là, elle étouffait et demandait de prompts secours.

M. de Fayan reconnaissait à peine son chemin sous la neige, et il fallait un véritable courage, un dévouement sincère, pour entreprendre cette course dans l’obscurité. Tout en trottant, il enrageait de n’avoir pu prendre une voiture, pour ramener le docteur, parce que, pensait-il, son cheval serait probablement fatigué de la tournée du jour, et même incapable de se remettre en marche. Enfin, il atteignit Champré après trois quarts d’heure de tâtonnements.

La porte était close et les fenêtres noires. Au deuxième coup de marteau, cependant, apparurent une lumière d’abord, puis une respectable gouvernante, qui répondit en se frottant les yeux, et avant que le marquis n’eût parlé :

— Monsieur n’est pas encore rentré, je l’attends.