Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/60

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Mais comment m’y prendre ? Je suis un peu comme ce berger qui devait traverser un ruisseau en portant successivement un loup, une chèvre et un chou, et se garder de jamais laisser en tête à tête, sur l’un des bords, ni le loup avec la chèvre, ni la chèvre avec le chou. »

Toutefois, à force de rêver, le jeune docteur finit par trouver une idée, pour l’exécution de laquelle il ne fallait que braver la fatigue. C’était de prendre l’enfant à la Brousse, d’abord, de le rouler dans son manteau, et d’aller directement à Champré avec ce fardeau ; puis, arrivé devant sa porte, de tourner bride et de courir aux Écoudelles, chez la nourrice ; enfin, de s’en revenir de là chez lui, où il aurait juste le temps de reposer un peu et de changer son cheval harassé contre celui du marquis, avant que de retourner à Cladel.

De cette façon, si le matin on cherchait ses traces, on serait conduit chez lui, soit en venant de Cladel, soit en venant des Écoudelles…

« Par exemple, se dit-il, il faut espérer que personne dans le château, ne demandera vers quelle heure je suis rentré chez moi, à ma gouvernante… — Et qu’importe, après tout ? Je puis être allé voir d’autres malades… Enfin, enfin… il faut bien compter un peu sur la Providence.