Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le regardant d’un regard de prière, lui dit : « Sauvez maman, monsieur ! »

Et qu’il put lui répondre, de manière à être compris de la malade qui l’interrogeait des yeux :

— C’est fait, mademoiselle.


C’était donc fait ? — Oui. La marquise avait jusqu’au dernier moment dissimulé sa grossesse, l’accouchement avait eu lieu avec mystère, l’enfant était en nourrice, et nul ne pouvait plus lire, sur la neige, les hiéroglyphes qui eussent raconté les pérégrinations de la nuit. Nul soupçon réel n’occupait l’esprit du marquis. — Oui, oui, tout était sauvé !

Quand il fut de retour à Champré, et bien installé au coin de son feu, avec un robuste appétit et en face d’un excellent déjeuner, le jeune praticien eut un mouvement de triomphe — d’abord son cœur et son imagination commentaient le regard de remercîment que la marquise lui avait jeté par dessus la tête de Clotilde, et puis il éprouvait la joie d’un général qui a fourni le plan d’une bataille gagnée.