Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/83

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— Il faudrait de bien accablantes preuves pour autoriser une pareille imputation.

— Oui, reprit la marquise, soutenue par un généreux courage — poussée peut-être par une ardente curiosité — quelles sont vos preuves ?

— Mes preuves ?… Eh ! je vous les ai dites ; d’ailleurs, ce n’est pas moi qui sais rien de positif à cet égard ; je répète seulement ce qui m’est venu aux oreilles. On n’a jamais de preuves de ces choses-là… des indices, tout au plus… Le monde écoute et répète. D’ailleurs, il ne se fait pas juge d’instruction…

— Quelquefois.

— Enfin, c’est le bruit public, voilà tout !

— Le bruit public ! — ainsi, voilà comment on perd une réputation ! comment on flétrit à jamais la vie d’une pauvre créature qui peut-être ne sait même pas qu’on l’accuse… Et le sût-elle, que faire, je vous prie ? « Il n’y a jamais de preuves de ces choses-là, » disiez-vous tout à l’heure ; eh bien ! parce qu’on ne peut prouver la faute, on ne peut pas prouver l’innocence non plus !

— Mais, Mme la marquise, il faut bien qu’il soit le fils de quelqu’un et surtout de quelqu’une, cet enfant ? Cherchez donc parmi toutes nos demoiselles