Page:Vignon - Un drame en province - La Statue d Apollon.djvu/88

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son gré renfermer dans sa caisse ou répandre dans la circulation.

Le plus assidu des attentifs de Mlle Ernestine était le jeune substitut, que nous appellerons monsieur Laurent Deprat. Peut-être espérait-il faire la conquête de la riche héritière ; peut-être avait-il le cœur pris, car Mlle Gallet méritait bien qu’on fût amoureux d’elle ; malgré ses airs de lionne, elle était fort jolie.

Généralement on la voyait plus entourée d’hommes que de jeunes filles comme elle. Cela venait de ses façons provoquantes sans doute, mais aussi de l’abandon où la laissaient les autres demoiselles auxquelles leurs mères avaient fait la leçon.

Au reste, cette sorte de solitude féminine que l’on faisait autour d’elle n’eut rien de plus marquant, durant les fêtes du château de Cladel, que d’ordinaire.

La calomnie grondait sourdement, mais n’osait éclater au grand jour. Pour cela, il fallait qu’un tout petit événement lui ouvrît carrière.