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Page:Vigny - Éloa, 1824.djvu/35

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CHANT II.

Et prenant un accent triste comme un adieu,
Voici les mots qu’il dit à la fille de Dieu :


« D’où viens-tu, belle Archange ? où vas-tu ? quelle voie
« Suit ton aile d’argent qui dans l’air se déploie ?
« Vas-tu te reposant au centre d’un Soleil,
« Guider l’ardent foyer de son cercle vermeil,
« Ou, troublant les amants d’une crainte idéale,
« Leur montrer dans la nuit l’Aurore boréale ;
« Partager la rosée aux calices des fleurs,
« Ou courber sur les monts l’écharpe aux sept couleurs ?
« Tes soins ne sont-ils pas de surveiller des âmes,
« Et de parler, le soir, au cœur des jeunes femmes ;
« De venir comme un rêve en leurs bras te poser,
« Et de leur apporter un fils dans un baiser ?
« Tels sont tes doux emplois, si du moins j’en veux croire
« Ta beauté merveilleuse et tes rayons de gloire.