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Page:Vigny - Éloa, 1824.djvu/37

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CHANT II.

À ces douces lueurs, au magique appareil
De cet Ange si doux à ses frères pareil,
L’habitante des Cieux, de son aile voilée,
Montait en reculant sur sa route étoilée,
Comme on voit la baigneuse au milieu des roseaux
Fuir un jeune nageur qu’elle a vu sous les eaux.
Mais en vain ses deux pieds s’éloignaient du nuage,
Autant que la colombe en deux jours de voyage
Peut s’éloigner d’Alep et de la blanche tour
D’où la Sultane envoie une lettre d’amour :
Sous l’éclair d’un regard sa force fut brisée ;
Et dès qu’il vit ployer son aile maîtrisée,
L’ennemi séducteur continua tout bas :


« Je suis celui qu’on aime et qu’on ne connaît pas.