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CHANT III.

Ô des instants d’amour ineffable délire !
Le cœur répond au cœur comme l’air à la lyre.
Ainsi qu’un jeune amant, interprète adoré,
Explique le désir par lui-même inspiré,
Et contre la pudeur aidant sa bien-aimée,
Entraînant dans ses bras sa faiblesse charmée,
Tout enivré d’espoir, plus qu’à demi vainqueur,
Prononce les serments qu’elle fait dans son cœur ;
Le prince des Esprits, d’une voix oppressée,
De la Vierge timide expliquait la pensée.
Éloa sans parler, disait : je suis à toi ;
Et l’Ange ténébreux dit tout haut : Sois à moi !


« Sois à moi, sois ma sœur ; je t’appartiens moi-même,
« Je t’ai bien méritée, et dès long-temps je t’aime ;