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Page:Vigny - Œuvres complètes, Poésies, Lemerre, 1883.djvu/39

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Passant la blanche voie où des feux immortels
Brûlent aux pieds de Dieu comme un amas d’autels,
Tantôt se balançant sur deux jeunes planètes,
Tantôt posant ses pieds sur le front des comètes,
Afin de découvrir les êtres nés ailleurs,
Arriva seule au fond des Cieux inférieurs.

L’Éther a ses degrés, d’une grandeur immense,
Jusqu’à l’ombre éternelle où le chaos commence.
Sitôt qu’un ange a fui l’azur illimité,
Coupole de saphirs qu’emplit la Trinité,
Il trouve un air moins pur ; là passent des nuages,
La tournent des vapeurs, serpentent des orages,
Comme une garde agile, et dont la profondeur
De l’air que Dieu respire éteint pour nous l’ardeur.
Mais, après nos soleils et sous les atmosphères
Où, dans leur cercle étroit, se balancent nos sphères,
L’espace est désert, triste, obscur, et sillonné
Par un noir tourbillon lentement entraîné.
Un jour douteux et pâle éclaire en vain la nue,
Sous elle est le chaos et la nuit inconnue ;
Et, lorsqu’un vent de feu brise son sein profond,
On devine le vide impalpable et sans fond.