bien que c’est une voix libre qui lui parle.
L’amour du juste et du vrai fait asseoir partout la liberté de la pensée : Rabelais la trouve à son côté dans son pauvre presbytère, Mathurin Régnier dans ses carrefours, et l’opulent Montaigne dans ses domaines ; Milton, aveugle et ruiné, dans une masure, entre ses deux filles ; Spinosa, le sombre ouvrier, au fond de son atelier, et Descartes, l’hôte et l’ami des reines, la rencontre dans leurs palais ; – Gilbert dans sa mansarde, et Montesquieu dans ses parcs ; Malebranche dans sa cellule, Bossuet dans ses hôtels épiscopaux, et, de nos jours Burns à sa charrue, et lord Byron à la poupe de son vaisseau.
Tous possédaient au même degré cette libre énergie qui se puise, non dans la condition, mais dans le caractère.
Quant à mon prédécesseur, son indépendance, qui ressemblait dans le premier âge à celle de Jean-Jacques, fut, dans le dernier, pareille à celle de Voltaire.
Auteur comique et publiciste, retiré dans ses beaux vallons et ses parcs de la Meuse, où tout lui était cher et ou lui-même était cher à tous ; dans ses riches possessions, semblables aux jardins de Salluste, il aurait pu raconter des guerres plus grandes que celles de Jugurtha, et même aussi des conjurations.