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Page:Vigny - Héléna, 1822.djvu/11

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CHANT I.

Avec le laurier rose, et de moelleux filets,
Et des médailles d’or, et de saints chapelets.
On voyait, dans leurs jeux, Ariane abusée,
Conduire en des détours quelque jeune Thésée,
Un Grec, ainsi que l’autre, en ce joyeux moment,
Tendre, et bientôt peut-être aussi perfide amant.



Ainsi de l’Archipel souriait l’esclavage ;
Tel sous un pâle front que la fièvre ravage,
D’une Vierge qui meurt, l’amour vient ranimer
Les lèvres que bientôt la mort doit refermer.
Mais depuis peu de jours, loin des fêtes nocturnes,
On a vu s’écarter, graves et taciturnes,
Sous les verts oliviers qui ceignent les vallons,
Des Grecs dont les discours étaient secrets et longs.
Ils regrettaient, dit-on, la liberté chérie,
Car on surprit souvent le mot seul de patrie
Sortir avec éclat du sein de leurs propos,
Comme un beau son, des nuits enchante le repos.