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Page:Vigny - Journal d’un poète, éd. Ratisbonne, 1867.djvu/114

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ALFRED DE VIGNY

trait. D’autres fois, je parle d’autre chose avec une longue digression et sans plaisir. Les attentifs ou ceux qui m’aiment peuvent deviner aisément que la crainte de perdre une autre idée meilleure m’interrompt quelquefois et me fait dire des paroles oiseuses.

ÉLÉVATION. — Dieu voit avec orgueil un jeune homme illustre sur la terre.

Or ce jeune homme était très-malheureux et se tua avec une épée. Lorsque son âme parut devant Dieu, Dieu lui dit : « Qu’as-tu fait ? pourquoi as-tu détruit ton corps ? » L’âme répondit : « C’est pour t’affliger et te punir. Car pourquoi m’avez-vous créé malheureux ? Et pourquoi avez-vous créé le mal de l’âme, le péché, et le mal du corps, la souffrance ? Fallait-il vous donner plus longtemps le spectacle de mes douleurs ? » Sous ce titre : Élévation, Alfred de Vigny a plus d’une fois jeté çà et là dans ses notes des pensées, des projets de poèmes dont l'Élévation, on le voit, consistait moins dans l’orthodoxie que dans la hauteur philosophique de la méditation. L. R.

L’ennui est la maladie de la vie. Pour la guérir, il suffit de peu de chose : aimer, ou


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