Aller au contenu

Page:Vigny - Journal d’un poète, éd. Ratisbonne, 1867.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

règnes de vieillards avant Henri. II faudra voir tout le règne de Louis XVIII, de Charles X, du Dauphin.

— Eh ! mon Dieu, dis-je, soyez tranquilles, il arrivera quelque chose avant dix ans ; et je leur rappelai la Fontaine : « Le roi, l’âne ou moi, nous mourrons. » Je fis faire aux hommes d’État amis de M. de Villèle, qui me parlaient, une vilaine grimace, et on me regarda comme libéral et philosophe.

Aujourd’hui, même chose. On se donne la peine aux Tuileries de penser à une régence pour le petit comte de Paris et à constituer une branche aînée dans la branche cadette. Eh ! bon Dieu, qu’importent ces branches et ces branchages à la plus démocratique des nations ?

L’espoir vrai de la France est, comme je le dis tranquillement à Louis-Philippe en 1830, l’indifférence en matière de gouvernement. Peu nous importe quelle troupe fait son entrée sur le théâtre du pouvoir.

Nos besoins politiques sont ceci ou cela. — Nos passions : la fierté nationale, l’amour de la gloire, etc., etc.

Satisfaites-les. Quand vous nous tromperez, nous ferons baisser le rideau.

La fortune a mieux traité la branche aînée au lit de mort que la branche d’Orléans.

Le duc de Berry poignardé disant : Grâce pour l’homme ! est beau dans la mémoire des hommes.

Si le jeune duc d’Orléans a pu réfléchir dans son agonie,