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Page:Vigny - Journal d’un poète, éd. Ratisbonne, 1867.djvu/75

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JOURNAL D’UN POÈTE

je les lis tout haut, les larmes coulent sur ma joue. — Heureux quand je vois d’autres yeux plus humides encore que les miens !

Larmes saintes ! larmes bienheureuses ! d’adoration, d’admiration et d’amour !


Si quelque chose ne me repoussait, je ferais un hymne à la duchesse de Berry, qui vient, comme une madone.

Son enfant dans ses bras et son lis à la main !

Mais quoi ! faire la cour à une infortune aussi belle, c’est se confondre avec ceux qui se préparent des faveurs pour l’avenir. Je n’ai point d’enthousiasme pour sa cause ; sans quoi, je serais allé combattre et non chanter.


L’élégante simplicité, la réserve des manières polies du grand monde causent non-seulement une aversion profonde aux hommes grossiers de toutes les opinions, mais une haine qui va jusqu’à la soif du sang.


La presse dévorera l’éloquence : elle l’a déjà mangée à