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JOURNAL D’UN POÈTE

Il y avait un madrigal à cinq voix (par Palestrina), délicieuse composition pleine d’amour et de suavité. Puis un ’’concerto passegiato’’ pour violes, harpe, orgue et théorbe.

— La terre parle avec ces instruments ; avec l’orgue le ciel répond. — Puis enfin la ’’Romanesca’’, air tel qu’un ange en peut inventer pour adorer.

Que j’ai admiré ces médailles de la musique !

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IDÉE DE POEME. — LA FORNARINA. — O maîtresse de Raphaël, tu le vis s’épuiser dans tes bras.

Qu’as-tu fait, ô femme ! qu’as-tu fait ! Une idée par baiser s’écoulait sur tes lèvres …

Elle s’endort dans les bras de Raphaël après qu’ils sont allés visiter la Campagne de Rome. — Elle rêve que ses idées, tuées par elle, viennent se plaindre ; les idées de Raphaël sont des tableaux sublimes. Les personnages se groupent, puis se détachent en soupirant et reprennent leur vol vers le ciel.

La Fornarina s’éveille, embrasse Raphaël : il était mort.

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C’est une effrayante chose que la facilité avec laquelle les Français affectent la conviction qu’ils n’ont pas, le caractère du voisin jusque dans leurs œuvres les plus éle-