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JOURNAL D’UN POÈTE

On a fait des satires gaies ; je veux faire, soit dans des livres comme Stello, soit au théâtre, des satires sombres, tristes et mélancoliques.

——

Comme quoi toutes les synthèses sont de magnifiques — sottes.

——

Je ne peux plus lire que les livres qui me font travailler. Sur les autres, ma pensée glisse comme une charrue sur du marbre. — J’aime à labourer.

——

Si le bonheur n’était qu’une bonne heure ? s’il ne nous était donné que par instants ?

——

On dirait que la question religieuse trop débattue a fatigué la tête du monde. Il n’a plus la force d’y penser.

——

Si j’étais peintre, je voudrais être un Raphaël noir forme angélique, couleur sombre.

——