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LES DESTINÉES.

De ne rien éprouver des atteintes du feu.
À sa plus belle amie elle en a fait l’aveu :
« Elle se fait aimer sans aimer elle-même ;
« Un maître lui fait peur. C’est le plaisir qu’elle aime,
« L’Homme est rude et le prend sans savoir le donner.
« Un sacrifice illustre et fait pour étonner
« Rehausse mieux que l’or, aux yeux de ses pareilles,
« La beauté qui produit tant d’étranges merveilles
« Et d’un sang précieux sait arroser ses pas. »
— Donc ce que j’ai voulu, Seigneur, n’existe pas ! —
Celle à qui va l’amour et de qui vient la vie,
Celle-là, par orgueil, se fait notre ennemie.
La Femme est, à présent, pire que dans ces temps
Où, voyant les humains, Dieu dit : « Je me repens ! »
Bientôt, se retirant dans un hideux royaume,