Page:Vigny - Les Destinées, Lévy, 1864.djvu/181

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XVIII

Une nuit on a vu ces deux larges cognées
Se heurter, se porter des coups profonds et lourds.
Les hommes sont tombés, les femmes résignées
Ont marché dans la neige à la voix des tambours,
Et, comme votre sœur, ont d’une main meurtrie
Bercé leurs fils au bord des lacs de Sibérie,
Et cherché pour dormir la tanière des ours.

XIX

Et ces femmes sans peur, ces reines détrônées,
Dédaignent de se plaindre et s’en vont au désert