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LES DESTINÉES.

La rigueur du climat, dans l’endroit où elle se trouvait, était très-défavorable à cette pauvre créature et à la mère elle-même.

Pendant longtemps on sollicita pour cette famille la faveur d’être envoyée ailleurs, même dans cette affreuse Sibérie ; ce fut toujours en vain. — La mort vint mettre un terme aux souffrances de cette femme héroïque.

Une autre, la jeune et riche épouse du prince Tr… (je pense Troubetzkoï), au moment où l’arrêt qui condamnait son mari lui fut connu, déclara qu’elle le suivrait et accomplit sa résolution, malgré l’opposition de ses parents, qui n’étaient que des courtisans.

Un jeune Français, qui se trouvait attaché comme secrétaire particulier au comte L. (peut-être Laval), père de madame T…, pensant aux difficultés qu’aurait pour elle un pareil voyage, l’accompagna également.

Il revint bientôt en France et put donner quelques renseignements sur la position des exilés. Lorsqu’elle fut arrivée à destination, on dit à la princesse Tr… que, son mari devant rester prisonnier, elle pourrait se loger dans une maison particulière et qu’elle aurait la permission de le voir une ou deux fois par semaine.