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LES DESTINÉES.

« Ces mocassins musqués, si jolis et si doux,
« Que ma mère à ses pieds ne veut d’autre chaussure ?
« Et les peaux de castor, les a-t-on sans morsure ?
« Vends-tu le lait des noix et la sagamité[1] ?
« Le pain anglais n’a pas tant de suavité.
« C’est Noël, aujourd’hui, Noël est notre fête,
« À nous, enfants ; vois-tu ? la Bible est déjà prête ;
« Devant l’orgue ma mère et nos sœurs vont s’asseoir,
« Mon frère est sur la porte et mon père au parloir. »
L’Indienne aux grands yeux leur sourit sans répondre,
Regarde tristement cette maison de Londre
Que le vent malfaiteur apporta dans ses bois,
Au lieu d’y balancer le hamac d’autrefois.

  1. Pâte de maïs.