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poèmes antiques et modernes


V


» Vous descendez des hauts barons, ma mie ;
Dans ma lignée, on note d’infamie
Femme qui pleure, et ce, par la raison
Qu’il en peut naître un lâche en ma maison.
Levez la tête et baissez votre voile :
Partons. Varlets, faites sonner le cor.
Sous ce brouillard la Seine me dévoile
Ses flots rougis… Je veux voir plus encor.

VI


» La voyez-vous croître
La tour du vieux cloître ?
Et le grand mur noir
Du royal manoir ?
Entrons dans le Louvre.
Vous tremblez, je croi,
Au son du beffroi ?
La fenêtre s’ouvre,
Saluez le Roi. »

VII


Le vieux Baron, en signant sa poitrine.
Va visiter la reine Catherine ;
Sa fille reste, et dans la cour s’assied ;
Mais sur un corps elle heurte son pied :
— « Je vis encor, je vis encor, madame ;
Arrêtez-vous et donnez-moi la main ;
En me sauvant, vous sauverez mon âme ;
Car j’entendrai la messe dès demain. »