Page:Vigny - Poèmes antiques et modernes, éd. Estève, 1914.djvu/37

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[1822]

INTRODUCTION[1].

Dans quelques instans de loisir j’ai fait des vers inutiles ; on les lira peut-être, mais on n’en retirera aucune leçon pour nos temps. Tous plaignent des infortunes qui tiennent aux peines du cœur, et peu d’entre mes ouvrages se rattacheront à des intérêts politiques. Puisse du moins le premier de ces Poëmes n’être pas sorti infructueusement de ma plume ! Je serai content s’il échauffe un cœur de plus pour une cause sacrée. Défenseur de toute légitimité, je nie et je combats celle du pouvoir Ottoman.

NOTE[2].

On éprouve un grand charme à remonter par la pensée jusqu’aux temps antiques : c’est peut-être le même qui

  1. Cette « Introduction » (ainsi l’intitule la table des matières de l’édition de 1822), bien qu’elle soit placée en tête du recueil, est spécialement destinée à présenter Héléna au lecteur. — La dernière phrase fait allusion aux polémiques soulevées dans la presse de 1821 par l’insurrection hellénique. Certains journalistes européens avaient qualifié les Grecs de rebelles et d’ennemis de leur souverain légitime. Dans son numéro du 1er juillet, le Journal des Débats inséra une longue lettre à lui adressée « par un savant distingué originaire de la Grèce ». L’auteur, qui signe N. P., protestait énergiquement contre cette « absurdité ». La question fut discutée et résolue contre la domination turque par de Bonald dans un article des Débats (Sur la Turquie, 20 septembre 1821), qui semble avoir trouvé un écho dans quelques vers d’Héléna (chant 1er, v. 178-180).
  2. Cette « Note » (le titre est fourni par la table des matières) est insérée dans le volume après le poème d’Héléna, et sert de préface aux autres Poèmes, répartis en trois groupes : Poèmes Antiques — Poèmes Judaïques — Poèmes Modernes.