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LA FEMME ADULTÈRE.


POËME.


« L’adultère attend le soir et se dit :
Aucun œil ne me verra; et il se cache
le visage, car la lumière est pour lui
comme la mort. »
Job, cil. XXIV, V. 15-17.


I
«Mon lit est parfumé d’aloès et de myrrhe;
L’odorant cinnamome et le nard de Palmyre
Ont chez moi de l’Égypte embaumé les tapis.
J’ai placé sur mon front et l’or et le lapis;
Venez, mon bien-aimé, m’enivrer de délices
Jusqu’à l’heure où le jour appelle aux sacrifices.
Aujourd’hui que l’époux n’est plus dans la cité,
Au nocturne bonheur soyez donc invité;
II est allé bien loin.» — C’était ainsi, dans l’ombre.
Sur les toits aplanis et sous l’oranger sombre.
Qu’une femme parlait, et son bras abaissé
Montrait la porte étroite à l’amant empressé.