L’isolement ne saurait être trop complet pour
les hommes que je ne sais quel démon poursuit
par les illusions de poésie. Le silence était
profond, et l’ombre épaisse sur les tours du vieux
Vincennes. La garnison dormait depuis neuf
heures du soir. Tous les feux s’étaient éteints à
six heures par ordre des tambours. On n’entendait
que la voix des sentinelles placées sur le
rempart et s’envoyant et répétant, l’une après
l’autre, leur cri long et mélancolique : Sentinelle,
prenez garde à vous ! Les corbeaux des tours
répondaient plus tristement encore, et, ne s’y
croyant plus en sûreté, s’envolaient plus haut
jusqu’au donjon. Rien ne pouvait plus me
troubler, et pourtant quelque chose me troublait, qui
n’était ni bruit, ni lumière. Je voulais et ne
pouvais pas écrire. Je sentais quelque chose dans
ma pensée, comme une tache dans une éme-