CHAPITRE VIII
LA POSITION DU PREMIER RANG
Dans ce petit cabaret, je trouvai trois braves dont les chapeaux étaient
galonnés d’or, l’uniforme blanc, les revers roses, les moustaches cirées
de noir, les cheveux tout poudrés à frimas, et qui parlaient aussi vite
que des vendeurs d’orviétan. Ces trois braves étaient d’honnêtes
racoleurs. Ils me dirent que je n’avais qu’à m’asseoir à table avec eux
pour avoir une idée juste du bonheur parfait que l’on goûtait
éternellement dans le Royal-Auvergne. Ils me firent manger du poulet, du
chevreuil et des perdreaux, boire du vin de Bordeaux et de Champagne, et
du café excellent ; ils me jurèrent sur leur honneur que, dans le
Royal-Auvergne, je n’en aurais jamais d’autres.
Je vis bien depuis qu’ils avaient dit vrai.
Ils me jurèrent aussi, car ils juraient infiniment, que l’on jouissait de la plus douce liberté