Page:Vigny - Servitude et grandeur militaires, 1885.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


CHAPITRE XI

FIN DE L’HISTOIRE DE L’ADJUDANT


Ici le bon Adjudant se leva pour prendre le portrait, qu’il nous fit passer encore une fois de main en main.

— La voilà, disait-il, dans le même costume, ce bavolet et ce mouchoir au cou ; la voilà telle que voulut bien la peindre madame la princesse de Lamballe. C’est ta mère, mon enfant, disait-il à la belle personne qu’il avait près de lui sur son genou ; elle ne joua plus la comédie, car elle ne put jamais savoir que ce rôle de Rose et Colas, enseigné par la Reine.

Il était ému. Sa vieille moustache blanche tremblait un peu, et il y avait une larme dessus.

— Voilà une enfant qui a tué sa pauvre mère en naissant, ajouta-t-il ; il faut bien l’aimer pour lui pardonner cela ; mais enfin tout ne nous est pas donné à la fois. Ç’aurait été trop, apparemment, pour moi, puisque la Providence