Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/160

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« Là ! — dit-il avec un air de satisfaction et de soulagement, comme ayant fini son histoire.

— Mais Kitty Bell ? Kitty, que devint-elle ? dit Stello, en cherchant à lire dans les yeux froids du Docteur Noir.

— Ma foi, dit celui-ci, si ce n’est la douleur, le calomel des médecins anglais dut lui faire bien du mal… car, n’ayant pas été appelé, je vins quelques jours après visiter les gâteaux de sa boutique. Il y avait là ses deux beaux enfants qui jouaient et chantaient en habit noir. Je m’en allai en frappant la porte de manière à la briser.

— Et le corps du Poète ?

— Rien n’y toucha que le linceul et la bière. Rassurez-vous.

— Et ses poèmes ?

— Il fallut dix-huit mois de patience pour réunir, coller et traduire les morceaux des manuscrits qu’il avait déchirés dans sa fureur. Quant à ceux que le charbon de terre avait brûlés, c’était la fin de la Bataille d’Hastings, dont on n’a que deux chants.